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auteur anonyme

La scierie

Présenté par Pierre Gripari
Éditions Héros Limite, 142 pages, 16,00 €.

Récit anonyme, La scierie l’est-il tant que cela ? On aurait plutôt l’impression que Pierre Gripari, qui en assure la présentation, en serait aussi l’auteur, ne serait-ce que par l’étrange ressemblance biographique rapprochant le préfacier du narrateur. Il y aurait là quelque chose à creuser, juste pour en avoir le cœur net. Mais ce qui compte n’est pas là. Anonyme ou pas, ce récit est de toute première force : brutal, haché, rythmé, dense, précis, bruyant... On a là une de ces raretés littéraires où l’on sent à chaque page l’impérieuse nécessité de dire, et de dire au plus près. De sorte qu’on lira le livre d’une traite, parce qu’il nous parle et nous étonne peut-être dans nos réflexes et représentations ordinaires du travail. Un jeune homme tout juste bachelier, parce qu’il n’a pas les moyens d’étudier plus avant, trouve à s’embaucher dans une scierie, puis une autre. Là, tout n’est que violence et hargne. Il y faut de l’abattage, et cela se paye en souffrances du corps, voire en mutilations. En mauvais coups en tout cas. Nul plaidoyer en ces pages pour la beauté perdue d’un travail bien fait ; nul sermon non plus sur l’aliénation du prolétaire. Les choses, telles qu’elles sont, et telles qu’elles vont, dans le fracas douloureux de la chair. E.M.

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